REVES (1)

Rêve : je suis avec ma mère, couché dans le même lit. Elle s’attache à me dissuader d’acheter une maison qui me plaît. Elle attire mon attention sur des signes bizarres, gravés au cœur du mur, et qui prouvent selon elle que la maison est hantée.

Je songe à ce film qui m’a tant marqué, quand j’avais douze ou treize ans : La Maison du diable. On y entendait le souffle d’on ne sait quel esprit, à travers l’épaisseur d’un mur filmé en très gros plan. On y voyait Julie Harris, sombrant dans la folie, empruntant un immense escalier en colimaçon où achevait de vaciller sa raison. Ce sont du moins les images qui m’ont frappé, et que j’ai retrouvées, intactes, en revoyant le film une quinzaine d’années plus tard. Autour, un récit que j’avais oublié, et où il est question d’une expérience scientifique menée par un groupe dans une demeure qui a mauvaise réputation. Les tendances lesbiennes du personnage de Claire Bloom, les palabres pour chercher à ces phénomènes une explication rationnelle, ce n’est qu’une architecture de scénaristes qui s’effondre dans le souvenir. Ce qui reste, ce sont les plongées dans l’inconscient. Mais elles n’auraient pas ce caractère fascinant si elles n’étaient encadrées par du récit. 

Je pense à un film que j’ai vu plus récemment : Ulysse souviens-toi, de Guy Maddin. Cela se passe aussi dans une maison sinistre, où grouillent les revenants. Mais ces chimères sont si décousues, si peu fondées en vraisemblance qu’elles ne produisent aucune terreur. Elles ont l’arbitraire des images mentales. Pour que mon esprit soit attiré par un gouffre, il faut qu’un garde-fou m’en protège, et lui prête quelque sens. De même, qu’ai-je à faire de ces films gore où l’on découpe les gens en morceaux, où le sang jaillit de tous côtés ? S’il m’arrive de me retrouver au cœur d’un public de teen agers rigolards, c’est toujours pour des histoires de maison hantée, de poupée maudite. Quelque chose qui porte la trace du passé, de la convention (de la religion ?), quelque chose qui bascule et qui pourtant conserve une forme.

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